Environ 150 roquettes, missiles de croisière et drones tirés par les forces armées du Hezbollah sur le nord de l’entité sioniste, dont la région de Haïfa, selon un communiqué de l’armée sioniste.
Le monde retient son souffle. Tous les regards sont désormais dirigés vers le pays du Cèdre et le Nord de l’entité sioniste où le conflit Israël-Hezbollah semble prendre le relais en termes d’intensité de bombardements aériens et de frappes de missiles ou de drones sur le drame gazaoui.
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a affirmé, hier, que le parti chiite était entré dans une nouvelle phase dans sa lutte contre l’entité sioniste, qu’il a décrite comme une « bataille ouverte et décisive», dans un discours prononcé lors des funérailles d’Ibrahim Akil, chef de la force al-Radwane du Hezbollah, assassiné vendredi dans la frappe sioniste sur la banlieue sud de Beyrouth.
En effet, le mouvement de la résistance libanaise a revendiqué, depuis la nuit de samedi à dimanche, plusieurs tirs de missiles et de roquettes Katioucha contre la région de Haïfa, dans le nord de l’entité sioniste : une première, en près d’un an d’échanges de tirs transfrontaliers, entre le mouvement chiite et l’ennemi sioniste, pour des frappes avec une portée plus longue que celles menées jusqu’à présent par les forces armées du parti dirigé par le cheïkh Hassan Nasrallah.
Trois séries de frappes sur la région de Haïfa
En riposte aux raids intensifs sur le Liban-Sud de ces derniers jours, ses forces auraient mené trois séries de frappes, entre minuit et 6h (heure tunisienne, Ndlr), dans la nuit de samedi à dimanche, selon un communiqué du Hezbollah.
Les deux premières séries de raids de la résistance libanaise auraient porté la signature des roquettes «Fadi-1 et Fadi-2» et auraient visé la «base et l’aéroport de Ramat David», dans le sud-est de la grande ville portuaire (Haïfa) du nord de l’entité sioniste, à 45 kilomètres de la frontière israélo-libanaise.
Il est à rappeler que le 24 juillet dernier, le mouvement de la résistance libanaise avait publié sur la chaîne Telegram de son média de guerre une vidéo de huit minutes montrant des images de ce qu’il affirme être «la base aérienne de Ramat-David»: l’un des sites militaires sionistes les plus éloignés de la frontière libanaise que le parti chiite ait déclaré avoir pris pour cible, depuis le début des hostilités le 8 octobre 2023, date à laquelle le Hezbollah a ouvert un «front de soutien» au Hamas contre l’entité sioniste.
En revanche, la troisième série de frappes aurait ciblé, avec des roquettes Katioucha et les mêmes missiles cités auparavant, le siège social d’une entreprise de technologie militaire, Rafael Advanced Defense Systems, prenant racine dans une zone industrielle au nord de Haïfa.
De son côté, l’armée sioniste a annoncé hier qu’une salve de 150 roquettes, missiles de croisière et drones avait été tirée en direction de son territoire dans la nuit jusqu’au petit matin, la plupart venant du Liban et visant le nord de l’entité sioniste, selon l’Agence France-Presse (AFP).
«Au cours de la nuit et aux heures matinales, environ 150 roquettes, missiles de croisière et drones ont été tirés en direction du territoire israélien, la plupart visant le nord d’Israël», précise l’armée sioniste dans un communiqué relayé par l’AFP, ajoutant qu’il y avait eu «un petit nombre d’impacts», mais pas de «dégâts significatifs».
Le nord de l’entité sioniste sur le qui-vive
Les salves de missiles et de roquettes du Hezbollah ont fait au moins cinq blessés, selon les services de secours sionistes. Et on apprend, également, que des incendies se sont également déclarés dans plusieurs régions des environs de Haïfa. On note aussi que de nombreux bâtiments ont été endommagés par la chute de débris de roquettes et missiles, d’après les médias sionistes.
«Des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris antiaériens dans le nord d’Israël», a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée.
Au nord de l’entité sioniste, le Commandement du front intérieur a annoncé dans un communiqué que les écoles et autres institutions éducatives dans les régions proches du Liban, seraient fermées jusqu’à lundi 16h00 (heure tunisienne).
Toutefois, les hôpitaux du nord de l’entité sioniste ont reçu pour instructions de transférer leurs opérations vers des installations offrant une protection supplémentaire contre les tirs de roquettes et de missiles, a déclaré le ministère sioniste de la Santé hier.
«L’hôpital Rambam, dans la ville de Haïfa, transférera ses patients vers son installation souterraine sécurisée», a précisé le ministère.
Les frappes du Hezbollah prennent l’allure d’une «première riposte» aux opérations sionistes menées contre des bipeurs et talkie-walkies piégés du Hezbollah, mardi et mercredi derniers, qui ont fait au moins quarante morts et 2.929 blessés, selon le dernier bilan du ministère libanais de la Santé annoncé avant-hier matin, mais aussi après la frappe sioniste meurtrière la veille sur la banlieue-sud de Beyrouth. Celle-ci a fait 45 martyrs (d’après un bilan actualisé hier matin, Ndlr), dont deux commandants haut-gradés du mouvement de la résistance libanaise, des combattants du parti chiite mais également de nombreux civils, parmi lesquels des enfants.
Des groupes armés irakiens revendiquent des tirs de drone
Parallèlement, au cours de la nuit de samedi à dimanche, «plusieurs objets volants suspects» se sont approchés de l’entité sioniste depuis l’Irak, a déclaré l’armée sioniste, ajoutant qu’ils ont été interceptés et qu’aucun blessé n’a été signalé.
Hier matin, les groupes armés pro-Téhéran qui forment «la Résistance islamique en Irak» (un collectif de combattants issus des rangs des Brigades du Hezbollah, du mouvement Al-Nujaba, et des Brigades Sayyed al-Chouhada, Ndlr) ont revendiqué dans un communiqué des tirs de drone vers l’entité sioniste.
«Les combattants de la Résistance islamique en Irak ont visé dimanche (hier) matin une cible stratégique dans nos territoires occupés, en utilisant des drones», selon le communiqué publié sur l’application Telegram de cette coalition de formations armées pro-iraniennes, assurant agir «en résistance à l’occupation», une référence à l’entité sioniste, et «en soutien à notre peuple à Gaza».
Le Liban-Sud et la Békaa-ouest pilonnés par l’ennemi
Dans la foulée, l’armée sioniste a repris, hier matin, ses bombardements, sur le sud du Liban mais aussi la Békaa-ouest, faisant au moins trois morts: un combattant du Hezbollah tué dans la région de Saïda, un homme à Khiam et un autre à Aïtaroun, dont le décès a été confirmé par le ministère libanais de la Santé.
Aux alentours de 6h30 (heure tunisienne, Ndlr), l’armée sioniste a indiqué, hier matin, qu’elle menait des frappes sur des cibles du mouvement de la résistance au Liban.
Plusieurs frappes sionistes au Liban-Sud et dans la Békaa-ouest ont été rapportées par les correspondants du quotidien libanais francophone «L’Orient-Le Jour».
L’armée ennemie a aussi mentionné que les frappes contre le Hezbollah allaient s’intensifier, lit-on dans une dépêche de l’agence Reuters.
«L’armée israélienne a frappé dans les cazas de Nabtayié, Marjeyoun, Jezzine, Bint Jbeil…», font savoir les correspondants du quotidien libanais francophone «L’Orient-Le Jour».
Il est à signaler qu’avant-hier, l’armée sioniste avait pilonné, du matin au soir et pratiquement sans répit, plusieurs régions du Liban, tuant, en matinée, un ouvrier syrien au sud et blessant quatre personne dont un grièvement. Ce fut la journée la plus dévastatrice pour le pays du Cèdre en termes de nombres de raids sionistes depuis près d’une année de regain des tensions entre le Hezbollah et l’entité sioniste.
«Alors que la région est au bord d’une catastrophe imminente, on ne saurait trop insister sur le fait qu’il n’existe aucune solution militaire qui rendra l’une ou l’autre des parties plus sûre», a écrit sur X la coordinatrice spéciale de l’ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.
Une «escalade» militaire n’est pas dans «l’intérêt» de l’entité sioniste, avertit la Maison-Blanche
Après des jours de vives tensions au Proche-Orient, le porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby a déclaré sur la chaîne ABC, qu’une «escalade» militaire n’est pas dans «l’intérêt» de l’entité sioniste.
«Nous ne pensons pas que l’escalade de ce conflit militaire soit dans leur intérêt», a-t-il averti, assurant que les États-Unis partageaient «directement» ce sentiment avec leurs « homologues israéliens».
Le porte-parole de l’exécutif américain a estimé qu’il existait toujours «un espace» pour une «solution diplomatique» au conflit. «C’est ce à quoi nous travaillons», a-t-il ajouté, sans donner davantage de détails.
Cette escalade «n’est certainement pas dans l’intérêt de toutes ces personnes que le Premier ministre Netanyahu dit vouloir renvoyer chez elles», a alerté le porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Idem pour le président américain sortant Joe Biden qui s’est dit inquiet hier des tensions au Moyen-Orient et a assuré faire «tout son possible» pour éviter un élargissement du conflit.
«Nous allons faire tout notre possible pour éviter qu’une guerre plus large n’éclate. Et nous poursuivons nos efforts», a déclaré le locataire de la Maison-Blanche.
L’Egypte craint une guerre totale au Moyen-Orient
Le Caire a dit hier craindre une guerre régionale totale dans la région après une intense nuit de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah et l’armée sioniste, un conflit qui complique davantage les efforts diplomatiques en vue d’une trêve dans la bande Gaza.
«Il y a beaucoup d’inquiétudes (…) sur la possibilité d’une escalade dans la région qui conduise à une guerre totale», a fait savoir à l’AFP au siège de l’ONU à New York le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, mettant en garde contre «des effets négatifs» de ce conflit à la frontière israélo-libanaise sur les négociations pour un cessez-le-feu entre le Hamas et l’entité sioniste dans l’enclave palestinienne.
Enfin, l’Union européenne s’est dit «extrêmement préoccupée» par l’escalade au Liban, après les récentes attaques meurtrières, et appelle à un cessez-le-feu «urgent», a déclaré hier le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell.
«L’Union européenne est extrêmement préoccupée par l’escalade au Liban après les attaques de vendredi à Beyrouth», a souligné M. Borrell dans un communiqué, appelant à un « cessez-le-feu le long de la Ligne bleue, tout comme à Gaza». La Ligne bleue sépare depuis 2000 les forces armées libanaises de celles de l’entité sioniste. « Les civils paient un prix élevé », alors que d’« importants combats » se poursuivaient hier, tant dans le nord de l’entité sioniste qu’au pays du Cèdre, a encore déploré le responsable européen. Ces civils « seront à nouveau ceux qui souffriront le plus dans une guerre totale qui doit être évitée, y compris par de nouveaux efforts diplomatiques intenses», a-t-il ajouté.
Tout comme de nombreux responsables diplomatiques et chefs d’État, M. Borrell sera présent à New York en marge de la 79e session de l’assemblée générale des Nations unies (Agnu), qui se tient au siège de l’organisation, à New York, du 22 au 27 septembre 2024.
Abdel Aziz HALI avec agences et médias